En ULM pour un record ( partie 1 )

Publié le par toganim

Chacun de nous a son rêve enfoui en lui. Certains veulent une belle voiture, d'autres veulent s'acheter une grande demeure ou épouser un mannequin suédois. Depuis mes quinze ans, mon rêve, outre les trois premiers cités, était de posséder un ULM pendulaire.

 

Ce rêve de gosse, je vais avoir l'immense chance de le concrétiser un matin d'été quand je réceptionne à l'aéroclub du golfe de Lomé une caisse contenant mon engin volant.

 

Deux mois plus tard, en fin d'après-midi, je suis à l'aéroclub pour payer quelques arriérés quand je constate des conditions de vols exceptionnelles. Je saute sur mon avion chiffon (surnom donné par les Togolais à l'ULM) et me voilà au-dessus de la mer. Très vite je remarque un gros cumulus et je décide de jouer avec le nuage comme seul un pilote d'ULM peut le faire. Les pieds dans le vide, assis sur mon étroit fauteuil j'ai la sensation de faire corps avec le ciel. Je grimpe vers son sommet que j'estime à 1000 mètres, mais après plusieurs minutes je constate mon erreur, je suis à plus de 1600 mètres et encore loin du sommet. C'est la pemière fois que je monte si haut. C'est impressionnant et beau à la fois. Seul le froid m'oblige à redescendre vers l'aéroport de Lomé.

 

Ce vol va occuper mes pensées toute la semaine. Je me demande ce qu'on peut ressentir encore plus haut. C'est ainsi qu'une idée se fait jour : établir un record d'altitude pour l'Afrique de l'ouest en tandem sur un ULM pendulaire de série et sans masque à oxygène. Les avions de tourisme étant plafonnés à 12000 pieds en général et volant rarement au-dessus de 10 000 pieds, mon record sera de monter au-delà de 12 000 pieds et d'enregistrer officiellement la réussite (?) de ce challenge.

 

J'appelle le Président du club et lui expose mon idée. Bien évidemment il me prend pour un fou, mais l'aéroclub a besoin d'un bon coup de pub pour doper les adhésions. Il me donne donc son OK. Je lui fais remarquer qu'il va me manquer une personne d'un poids maxi de 55kg pour faire le second passager et en rigolant qu'il a exactement la taille et le poids requis pour cette aventure. Il laisse passer un blanc de quelques secondes et à mon grand étonnement il me répond "D'accord, je le fais avec toi".

 

Très vite la rumeur de la tentive de record fait le tour de la petite communauté des "volants". Moqueries, stupéfactions, inquiétudes, colères sont les sentiments les plus répandus. On me prédit la mort au mieux, le fauteuil roulant au pire.

 

Malgré ces encouragements, Jean-Claude, le Président du club, ne veut pas reculer. Il me demande de faire un vol d'essai car il n'a jamais volé sur ce type d'engin. Pour ce premier vol, je l'emmène à 1000 pieds (300 mètres) et je lui fais la démonstration du potentiel de l'appareil avant de lui confier les commandes. Il tâtonne un peu, mais en pilote confirmé, il trouve vite ses repères.

 

Au retour, il est véritablement emballé et j'entrevois une nouvelle possibilité, celle de former en accéléré mon compagnon d'aventure afin qu'il puisse ramener au sol l'appareil en cas de problème. Pour le moment, le plus préoccupant est l'obtention des autorisations de vols à haute altitude dans un couloir souvent fréquenté par les avions de lignes. Il faut également s'assurer que l'appareil peut résister à ce que nous nous apprétons à lui faire subir. Un fax du constructeur me rassure très vite à ce sujet il est cependant assorti d'un conseil vitale : " Couvrez-vous bien, vous allez avoir très froid".

 

Nous obtenons les autorisations de vols. La DGAC (direction de l'aviation civile) est intéressée par notre idée. Il faudra seulement faire un plan de vol et prendre attache avec le contrôle radio du Ghana passé le niveau 115. Nous retenons la date du 14 novembre et commençons les vols écoles afin de former Jean-Claude au pilotage du pendulaire.

 

Comme si le défi par lui-même n'était pas suffisant, Jean-Claude, s'est mis en tête de fixer sur mon aile un appareil photo avec déclencheur à distance. Ce dernier déstabilise un peu l'aile qui tire à gauche, mais j'estime que cela ne nuira pas à la stabilité générale de l'appareil. Désormais, certains membres de l'aéroclub s'intéressent à notre record et nous prêtent main forte, qui en prêtant un appareil photo, qui en offrant une radio de secours et des combinaisons pour lutter contre le froid, qui en prédisant une surprise pour le jour du record...!

 

Mercredi 11 novembre, nous ne sommes plus qu'à trois jours de notre tentative et nous ne sommes pas prêts. La caméra vidéo est en panne, l'appareil photo ne se déclenche pas à distance, la radio de secours fonctionne quand elle veut bien et l'avion qui devait venir de Cotonou pour assurer la couverture médiatique a été réservé par un grosse boite sans compter la dernière lubie de mon copilote: apporter son téléphone portable en vol pour appeler sa famille..!

 

Vendredi 13 novembre, la solidarité a joué et tous les problèmes sont résolus. Je me couche le coeur léger mais serré par une appréhension très forte. Ce que nous allons tenter le lendemain matin est quand même très risqué et c'est maintenant que je m'en rends vraiment compte.

 

Samedi 14 novembre : j'arrive à l'aéroclub du golfe avant 6h du matin. Je suis seul. Je sors l'ULM et je le prépare: check-list complète, vérifications ailes et moteurs. 6h45, des militaires et des gendarmes envahissent le tarmac pour sécuriser l'arrivée du Ministre des transports et du Directeur de la DGAC. L'aéroclub se remplit lentement mais sûrement bien qu'il manque encore les journalistes et ledit Ministre. Un ami instructeur va suivre notre vol avec son avion. Il emportera les autorités et les journalistes, du moins s'ils arrivent, et assurera notre sécurité en vol pour tout ce qui concerne les contacts radios et les gros porteurs.

 

7h30, toujours pas de ministre en vue, je dois absolument décoller pour bénéficier d'une bonne pression et d'une bonne portance avant que la chaleur ne s'installe. Séance photos avec les journalistes. Je m'installe, puis mon copilote prend place. le moteur tourne rond, la piste 22 est en service, j'ai le OK pour rouler, pénétrer et décoller. Je m'aligne face aux 2500 mètres de ruban asphalté, je serre les freins, mets plein gaz, pousse sur la barre et relâche les freins. 30 mètres de roulage et l'appareil s'élève tranquillement au-dessus de la piste avec un taux de montée de 350 pieds/minutes ( 100 mètres/mn ).

A suivre ...

Eric Fcd

Publié dans Afrique

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Commenter cet article
L
<br /> Il faut te rendre à l'évidence, la mort ne veut pas de toi... tu vivras très vieux !!!<br /> <br /> <br /> J'attends la suite !! :o))<br />
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T
<br /> <br /> Très vieux et en bonne santé, sinon ça ne vaut pas !<br /> <br /> <br /> <br />
P
<br /> T'es compliqué comme mec, pourquoi ne pas proposer simplement à ton copain d'aller au 7eme ciel avec des putes ?<br />
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T
<br /> <br /> Parce ça il peut le faire tout seul :)<br /> <br /> <br /> <br />
C
<br /> Ca c'est le genre de truc qui me plairait<br />
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T
<br /> <br /> super excitant , je confirme<br /> <br /> <br /> <br />