Grottes de Nano : une énigme vieille de 4 siècles
Nous sommes dans le Nord du Togo aux alentours du XVIIème siècle. Le paysage est composé d'une végétation de savane entrecoupée de monts verdoyants, de rôniers majestueux et de falaises ou des centaines de damans s'ébattent.
Les falaises sont orientées au nord et dominent de leurs à-pics la savane. Cette formation particulière est appelée "grés de boumbouaka" et présente des escarpements d'âge protérozoïque d'une rare beauté.
Dans la brousse, quelques villages traditionnels isolés regroupent différentes ethnies dont les Moba et les Mossi qui sont majoritaires.
Une longue colonne d'hommes, de femmes et d'enfants avancent en file indienne. Pour seul guide, la lumière chiche de la lune. En silence, il se dirigent vers la parois d'une haute falaise distante de quelques kilomètres de leur village d'origine.
La petite troupe est inquiète, les hommes armés d'arcs et de flêches marchent lentement, il sont aux aguets, ils ont peur. Cela fait des semaines que les villageois ont planifié leur fuite. Ils ont tout abandonné derrière eux, leurs biens, leurs cases, leur vie.
Après des heures de marche, ils sont parvenus au pied de la falaise. Une brève hésitation et le Chef du village entame l'ascension du vertigineux à-pic. Quelques instants plus tard la dernière silhouette est happée par l'obscurité.
400 années se sont écoulées. Je quitte le village de Nano et me dirige vers Nagou qui se trouve au dessus de la falaise. J'emprunte une piste particulièrement mauvaise, cabossée et crevassée par les pluies diluviennes.
Mon 4x4 souffre terriblement, je dois rouler au pas entre des rochers et des buissons épineux sur une route caillouteuse qui fait gémir mes amortisseurs. Enfin, après une heure trente de doute, d'hésitation et d'envie de renoncer, j'arrive au dernier village de Tchandjouaré.
L'étape inévitable est la visite au vieux Chef. Il est absent, c'est son fils qui nous reçoit. Nous voulons visiter les mystérieuses grottes de Nano.
Au bord de la falaise, la vue est extraordinaire. Nous embrassons du regard toute la région avec les villages, les pistes et les cultures de riz. Un escalier de fer qui plonge à la verticale nous permet d'accéder à une minuscule plateforme de terre et de roches. Un faux pas et c'est une chute de plusieurs centaines de mètres.
Nous découvrons des multitudes de jarres en terre cuite et des greniers à céréales merveilleusement conservés. Queques dizaines de mètres encore et c'est l'ouverture de la grotte. Le guide nous propose d'entrer à l'intérieur. Pour cela il faut littéralement ramper sur le sol. Une odeur de rance nous prend à la gorge alors que des chauve-souris s'envolent, nous frôlant de leurs ailes membraneuses.
Petit à petit, la cavité s'élargit et prend de la hauteur. Nous pouvons enfin nous relever. Nous sommes dans ce qui servait de chambres à coucher mais aussi de lieu de vie aux fuyards du XVIIème siècle. Là encore il y a des récipients de toutes sortes faits en terre cuite qui indiquent que des hommes ont séjourné longuement en ces lieux.
Pourquoi ont-ils fui ? Combien de temps ont-ils vécu là ? Que sont-ils devenus par la suite ? Nous l'ignorons. Il y a eu de grandes périodes d'insécurités entre les XVIIè et XIXè siècle et notamment des guerres tribales avec les Tchokossi qui tentaient de créer un royaume au nord Togo.
Dans les grottes de nano furent retrouvés, entre autre, des arcs, des flèches, des carquois mais également des vivres et des fétiches. C'est entouré des fantômes du passé que nous quittons les lieux avec dans un coin de la tête une même question obsédante : POURQUOI ???.
Et vous, connaissez vous des histoires mystérieuses ?
Eric Fcd