J'ai nagé en pleine mer avec des requins
En ces temps de crise financière mondiale je vois de suite les allusions faciles à nos chers banquiers, mais non, il s'agit bien d'animaux marins.
En déplacement à Miami, un de mes clients me propose de passer quelques jours aux Bahamas. Bien évidemment je reste perplexe devant cette offre. Les Bahamas véhiculent une image "papier glacé" de paradis pour très riches. Je découvre que finalement il n'en est rien, surtout que nous sommes au mois de juillet en pleine période des cyclones.
Pour un prix dérisoire pour une telle destination et après seulement 35 mn de vol, me voici en famille à Nassau dans la banlieue du Paradis. Plages paradisiaques, mer turquoise, sable blanc, ciel bleu et soleil éclatant... sauf que pour le moment ce sont des trombes d'eau qui s'abattent dans le sillage d'un spectaculaire orage tropical. Les rues de la ville sont noyées sous 50cm d' une eau noirâtre (ce qui justifie le très bon prix du voyage
)
Quand je voyage ma première démarche consiste à visiter la ville, à rencontrer la population et à découvrir la cuisine. Dans ce cas précis, ce sera rapide car Nassau est sans grand intérêt. C'est une ville assez sale avec une population généralement hostile car elle amalgame tous les touristes aux "gringos", entendez par là les Américains qui ne sont pas vraiment appréciés. En ce qui concerne la cuisine... rien de local car les principales enseignes de la mal bouffe made in USA s'étalent à tous les coins de rue.
Heureusement le beau temps est rapidement revenu et la plage offre des moments de détente magiques dans une eau à 27°C ou pullulent des poissons multicolores. C'est la vision de ces poissons si proches du bord qui donne l'idée à mon fils de me proposer une sortie "plongée" en pleine mer avec masque et tuba qu'il a dégoté à l'office du tourisme de l'hôtel.
L'eau n'est pas vraiment mon élément, je suis un homme de la terre. Ma vie c'est la brousse africaine et pas le fond des mers, cependant l'occasion est trop belle et je donne mon accord en oubliant de lire en détail toutes les annexes du dépliant qu'il a agité sous mes yeux. Le lendemain à midi sonnante, un bus vient nous ramasser devant l'hôtel. A peine assis je flaire le piège.
On vient de me tendre un document à remplir et à signer. Celui-ci indique que la plongée se termine part une rencontre avec "les dents de la mer", que l'opérateur ne pourra être aucunement responsable des blessures ou de toute mortalité consécutive à une attaque. Aimablement il est également demandé de bien vouloir indiquer le nom et l'adresse de l'hôpital ou nous souhaitons être évacués en cas de problème.
Mon fils a fêté ses dix huit ans à Miami à peine deux jours plus tôt et je sens que sur ce coup là il prépare l'avenir. Quoi de plus sympa que d'hériter de son paternel la semaine de sa majorité ? Je lui jette un coup d'oeil suspicieux à quoi il répond par un haussement d'épaule. Il est trop tard pour reculer, je paraphe le document.
Pour le bouquet final, la plongée avec les requins, le bateau prend la direction du large. Les puissants moteurs nous propulsent par dessus les vagues et nous font rebondir sur la mer. Le soleil brille de mille feux, même si, au nord, un lourd cumulonimbus annonce la pluie. Brutalement la vitesse se réduit et quelques instants plus tard nous mouillons l'ancre.
L'esquif se balance lentement sur son mouillage. Afin d'attirer les requins, une boite a été remplie avec un appât spécial (une "sucette" congelée) et descendue environ dix mètres sous la coque. Nous attendons que les prédateurs fassent leur apparition. L'équipage nous briefe sur les bons gestes à adopter et surtout sur ceux à ne jamais faire. Un plongeur professionnel va nous accompagner. D'ailleurs il vient de se mettre à l'eau pour vérifier que les squales étaient au rendez-vous.
Plusieurs requins nagent sous la coque. Dotés d'un odorat exceptionnel, ils peuvent détecter une goutte de sang dans l'eau à plus de 1500 mètres. Cette plongée paraîtra certainement anodine à un habitué du grand bleu, mais pour deux néophytes, c'est une aventure. Lentement nous nous mettons à l'eau. Une certaine appréhension nous saisie quand les palmes touches la surface calme de la mer.
Nous sommes dans l'eau parmi six requins qui tournent en rond sous le bateau. Une fois la tête sous l'eau, le masque révèle un spectacle saisissant de beauté. Les animaux semblent sortir d'un film en 3D. Ils nagent nerveusement car ils sont remontés à la source de l'odeur mais n'ont trouvé aucune proie. Nous ne semblons pas les intéresser mais soudain l'un d'entre eux se détache pour venir à notre rencontre. Il n'est pas bien gros, peut être deux mètres, mais voir ce prédateur venir droit sur nous, fait immédiatement grimper le pouls. Il tourne soudain et s'éloigne, nous ignorant complètement.
Le moment est magique et le temps semble s'être arrêté sous cette mer des caraïbes. Alors qu'il nous fait signe qu'il est temps de sortir, le plongeur qui nous accompagne s'est un peu trop approché des squales. L'un d'entre eux mord le bout d'une de ses palmes. Les animaux sont énervés et il est grand temps de rejoindre le bateau.
Le trajet du retour se fait dans une ambiance potache très agréable, la sortie a été spectaculaire et instructive. Une intrusion exceptionnelle dans le monde du silence qui nous laisse rêveur et plein de souvenirs.
Et vous, avez-vous déjà plongé en pleine mer ?
Eric Fcd
En déplacement à Miami, un de mes clients me propose de passer quelques jours aux Bahamas. Bien évidemment je reste perplexe devant cette offre. Les Bahamas véhiculent une image "papier glacé" de paradis pour très riches. Je découvre que finalement il n'en est rien, surtout que nous sommes au mois de juillet en pleine période des cyclones.
Pour un prix dérisoire pour une telle destination et après seulement 35 mn de vol, me voici en famille à Nassau dans la banlieue du Paradis. Plages paradisiaques, mer turquoise, sable blanc, ciel bleu et soleil éclatant... sauf que pour le moment ce sont des trombes d'eau qui s'abattent dans le sillage d'un spectaculaire orage tropical. Les rues de la ville sont noyées sous 50cm d' une eau noirâtre (ce qui justifie le très bon prix du voyage
)Quand je voyage ma première démarche consiste à visiter la ville, à rencontrer la population et à découvrir la cuisine. Dans ce cas précis, ce sera rapide car Nassau est sans grand intérêt. C'est une ville assez sale avec une population généralement hostile car elle amalgame tous les touristes aux "gringos", entendez par là les Américains qui ne sont pas vraiment appréciés. En ce qui concerne la cuisine... rien de local car les principales enseignes de la mal bouffe made in USA s'étalent à tous les coins de rue.
Heureusement le beau temps est rapidement revenu et la plage offre des moments de détente magiques dans une eau à 27°C ou pullulent des poissons multicolores. C'est la vision de ces poissons si proches du bord qui donne l'idée à mon fils de me proposer une sortie "plongée" en pleine mer avec masque et tuba qu'il a dégoté à l'office du tourisme de l'hôtel.
L'eau n'est pas vraiment mon élément, je suis un homme de la terre. Ma vie c'est la brousse africaine et pas le fond des mers, cependant l'occasion est trop belle et je donne mon accord en oubliant de lire en détail toutes les annexes du dépliant qu'il a agité sous mes yeux. Le lendemain à midi sonnante, un bus vient nous ramasser devant l'hôtel. A peine assis je flaire le piège.
On vient de me tendre un document à remplir et à signer. Celui-ci indique que la plongée se termine part une rencontre avec "les dents de la mer", que l'opérateur ne pourra être aucunement responsable des blessures ou de toute mortalité consécutive à une attaque. Aimablement il est également demandé de bien vouloir indiquer le nom et l'adresse de l'hôpital ou nous souhaitons être évacués en cas de problème.
Mon fils a fêté ses dix huit ans à Miami à peine deux jours plus tôt et je sens que sur ce coup là il prépare l'avenir. Quoi de plus sympa que d'hériter de son paternel la semaine de sa majorité ? Je lui jette un coup d'oeil suspicieux à quoi il répond par un haussement d'épaule. Il est trop tard pour reculer, je paraphe le document.
Pour le bouquet final, la plongée avec les requins, le bateau prend la direction du large. Les puissants moteurs nous propulsent par dessus les vagues et nous font rebondir sur la mer. Le soleil brille de mille feux, même si, au nord, un lourd cumulonimbus annonce la pluie. Brutalement la vitesse se réduit et quelques instants plus tard nous mouillons l'ancre.
L'esquif se balance lentement sur son mouillage. Afin d'attirer les requins, une boite a été remplie avec un appât spécial (une "sucette" congelée) et descendue environ dix mètres sous la coque. Nous attendons que les prédateurs fassent leur apparition. L'équipage nous briefe sur les bons gestes à adopter et surtout sur ceux à ne jamais faire. Un plongeur professionnel va nous accompagner. D'ailleurs il vient de se mettre à l'eau pour vérifier que les squales étaient au rendez-vous.
Plusieurs requins nagent sous la coque. Dotés d'un odorat exceptionnel, ils peuvent détecter une goutte de sang dans l'eau à plus de 1500 mètres. Cette plongée paraîtra certainement anodine à un habitué du grand bleu, mais pour deux néophytes, c'est une aventure. Lentement nous nous mettons à l'eau. Une certaine appréhension nous saisie quand les palmes touches la surface calme de la mer.
Nous sommes dans l'eau parmi six requins qui tournent en rond sous le bateau. Une fois la tête sous l'eau, le masque révèle un spectacle saisissant de beauté. Les animaux semblent sortir d'un film en 3D. Ils nagent nerveusement car ils sont remontés à la source de l'odeur mais n'ont trouvé aucune proie. Nous ne semblons pas les intéresser mais soudain l'un d'entre eux se détache pour venir à notre rencontre. Il n'est pas bien gros, peut être deux mètres, mais voir ce prédateur venir droit sur nous, fait immédiatement grimper le pouls. Il tourne soudain et s'éloigne, nous ignorant complètement.
Le moment est magique et le temps semble s'être arrêté sous cette mer des caraïbes. Alors qu'il nous fait signe qu'il est temps de sortir, le plongeur qui nous accompagne s'est un peu trop approché des squales. L'un d'entre eux mord le bout d'une de ses palmes. Les animaux sont énervés et il est grand temps de rejoindre le bateau.
Le trajet du retour se fait dans une ambiance potache très agréable, la sortie a été spectaculaire et instructive. Une intrusion exceptionnelle dans le monde du silence qui nous laisse rêveur et plein de souvenirs.
Et vous, avez-vous déjà plongé en pleine mer ?
Eric Fcd
L’auteur
