Kodjo , gardien des pythons au Togo

Publié le par toganim

Python royal.

Python royal. | © Eric and David Hosking/CORBIS

Les nouveaux animaux de compagnie sont de plus en plus présents dans notre vie. Pythons, Tortues, Scorpions, Caméléons envahissent les vitrines des animaleries et s'installent sur nos petits écrans via des émissions très populaires telle que "Fort Boyard" . Provenant pour la plupart de fermes d'élevages reconnues et légalement installées, certains sont issus d'une méthode d'élevage peu banale qui associe, paysans, fermes commerciales et Ministère de l'environnement...

C'est au Togo, petit pays d'Afrique de l'Ouest, que nous avons rencontré Kodjo. Paysan, fils de paysan, Kodjo vit avec sa famille dans un petit village situé à 45 km au nord de Lomé, la Capitale.

Kodjo n'est pas seulement paysan, il est aussi un "gardien". Depuis plus de 10 ans, une grande partie de sa région a été transformée, par le Ministère de l'environnement togolais, en une zone d'élevage dit en "Ranching". Cette méthode très particulière et adaptée aux réalités du terrain, permet de suivre et de protéger différentes populations de reptiles dont, une fois l'an, un nombre contrôlé de femelles gravides sera ramassé sous l'oeil vigilant de Kodjo et de gardes forestiers, afin d'être transportées dans l'une des fermes d'élevages commerciales du pays pour y pondre leurs oeufs. Les femelles couveront les oeufs pendant un mois, avant d'être relâchées sur la zone ou elles ont été prélevées. Elles auront au préalable durant leur séjour dans la ferme, été soignées, déparasitées et marquées grâce à une découpe significative de certaines de leurs écailles. Ce marquage permet de tenir à jour une registre de statistiques et de suivi.

Un vent frais, lève une fine poussière grise qui nous aveugle. Kodjo marche d'un bon pas dans la brousse. Il s'arrête parfois, gratte le sol et repart. La saison de l'Harmattan marque le temps des accouplements. Kodjo s'accroupit et nous fait signe d'approcher. Il nous montre un trou dans le sol. Trou comme il en existe des centaines voire des milliers dans ces champs. Il passe sa main sur le bord, nous montre quelques brindilles déplacées et nous assure qu'à l'intérieur se trouve un Python. Seule une longue habitude de la brousse peut permettre d'être si catégorique. Malgré tout, nous doutons. Kodjo sourit. Il prend sa machette qui pend sur son flan et avec douceur se met à creuser. Pendant de longues minutes il poursuit son minutieux travail et soudain un corps trapus apparait. Un serpent long d'un mètre trente est extirpé du trou. Kodjo palpe délicatement le ventre de l'animal, tente de faire sortir les hémipénis et nous affirme qu'il s'agit d'une femelle. Cette expérience est le fruit d'un long apprentissage réalisé par les fermes d'élevages. Tous les "Gardiens" y font un séjour encadré par des vétérinaires afin de pouvoir déterminer le sexe,l'âge, la gravidité ou l'état de santé des espèces dont ils ont la charge sur leur zone. Ils apprennent également à les manipuler sans les blesser. Kodjo repose le serpent en souriant. Depuis que les autorités ont mis en place les zones de ranching, le revenu des paysans a sensiblement augmenté. Les fermes ont obligation de créer des écoles, des puits ou des magasins près des zones de "ranching", mais aussi d'acheter aux gardiens les femelles gravides selon un prix fixé à l'avance. Cet argent, Kodjo s'en sert pour scolariser ses quatre enfants. Il existe plusieurs zones de ranching à travers le pays et chacune d'elle fait travailler des dizaines de gardiens. Chaque gardien à sa spécialité. Pour Kodjo, ce sont les pythons.

En juin, avec la saison des pluies auront lieu les "relâchés". Chaque ferme est tenue de remettre en liberté non seulement la totalité des femelles qui ont été prélevées pour la reproduction, mais également un certain pourcentage des jeunes nés en captivité. Cette méthode a pour but de compenser les naissances "perdues" suite au prélèvement des femelles. Ce sont des experts du Muséum d'Histoires Naturelles de Paris qui ont, de concert avec les autorités scientifiques togolaises, mis en place le système de calcul imputé à chaque espèce pour connaître avec précision le nombre de juvéniles qui sera libéré sur la zone d'origine de leur mère.

Kodjo trouvera plus d'une dizaine de reptiles en moins d'une heure de recherche. Il prétend que depuis que les serpents font l'objet de cette forme d'élevage, la consommation de la viande de brousse a nettement diminuée. Les paysans ont compris que l'animal vivant avait plus de valeur que l'animal mort. Non seulement il est une source de revenus pérenne, mais aussi par sa présence il protège les cultures de la voracité des rats et des mulots.

Selon Kodjo, l'engouement des Européens pour les reptiles du Togo est avant tout un moyen de sauvegarder les ressources pour les générations futures. Avant la commercialisation de ces espèces, les feux de brousse, la chasse, les croyances et surtout le commerce de la viande de brousse avait largement contribués à l'affaiblissement des populations de reptiles. Aujourd'hui, grâce à ce commerce très strictement contrôlés, les populations se sont reconstituées et les moeurs changent doucement. Alors que la nuit tombe sur la brousse togolaise, Kodjo rentre chez lui. Il sait que son travail n'est qu'un pas, un tout petit pas sur le long chemin qui mènera au changement des mentalités. Mais déjà le Togo est en marche et quand vous croiserez dans une animalerie un jeune python, vous penserez à Kodjo le "gardien des pythons".

E.F

Publié dans découverte

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A
J'ai un pyton a vendre voici mon numero +22890129794
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M
<br /> bonsoir Toganim<br /> <br /> <br /> l'afrique toute entière , sa faune et sa flore , aurait besoin de beaucoup , de représentant protecteur et connaisseur comme  Kodjo , multipliez vous les Kodjo   !!<br /> et  surtout  éduquez !! de là viendras la fin du massacre ,<br /> <br /> <br /> le commerce  et les croyances  de la viande de brousse fait trop de dégat ,<br /> <br /> <br /> à bientôt Toganim ,<br /> <br /> <br />  <br />
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T
<br /> <br /> Un gros travail d'éducation est a faire qui dépasse largement les actions privées. C'est au niveau gouvernemental que les choses devraient être mises en place.<br /> <br /> <br /> Bises<br /> <br /> <br /> <br />
R
<br /> J'ai peur de cers betes là,parce que je ne les connais pas du tout.Fort intéressant cet article!Bon week end.<br />
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T
<br /> <br /> Ces serpents sont très inoffensifs !<br /> <br /> <br /> <br />