Une mangouste chez les hommes : le début de l'aventure.
6h30, j'entends du bruit dans la cuisine. La porte du frigo s'ouvre, des tasses s'entrechoquent, on dévisse un couvercle. Le bip du micro-ondes résonne et c'est alors qu'une délicieuse odeur de chocolat vient titiller mon odorat.
Il est grand temps que je me lève. Je baille, je m'étire et enfin je pointe mon museau sous le buffet. De grands pieds passent près de moi. Je ne bouge pas. En temps normal, c'est à dire quand je suis un peu mieux réveillé, j'aurai bondi dessus pour les mordiller. Mais pour le moment, il est trop tôt.
Dans le salon, des bruits nouveaux me laissent penser que les enfants sont debout. Il est vraiment temps que je bouge, sinon ces monstres vont tout engloutir sans rien me laisser.
Je saute sur le canapé et du canapé sur la table basse. Le bol de chocolat est bien là, comme tous les jours. J'approche doucement et vérifie qu'il en reste un fond. Je glisse ma petite tête à l'intérieur et lape consciencieusement mon petit dèj. Quand j'ai fini, je vais fureter du côté des gâteaux. Mais le sucré ce n'est pas mon truc. Je préfère nettement le salé.
Cela va faire deux ans que j'ai adopté cette famille d'humain. Je suis arrivé par hasard chez eux alors que j'étais tout petit et bien loin de ma brousse d'origine. J'ai vu le jour dans une termitière au milieu d'une colonie composée d'une vingtaine de mes semblables. Egaré dans la brousse j'ai été récupéré par les enfants d'un village africain, puis des adultes m'ont emmené dans une grande ville. Fatigué et pas très en forme, une famille m'a récupéré pour me soigner. Ces drôles de bestiaux sont sympas alors j'ai décidé de les garder. Cela n'a pas été tous les jours faciles de les éduquer. Chez nous les mangoustes, quand nous sommes jeunes, nous suivons partout nos parents en collant notre nez sur leurs pattes arrières. Évidemment, les grosses tatanes c'est moins facile et parfois je me suis fait shooter comme un vulgaire ballon de football. Mais c'était involontaire et sans gravité.
(C'est moi!)
8h00, l'heure que je préfère. Les gosses sont à l'école et seul l'un de mes parents reste à la maison. Je grimpe sur ses genoux et pointe mon nez vers cette machine qu'il nomme ordinateur. Ses doigts semblent voler sur le clavier quand il tape ses courriers. A la longue cela m'amuse et j'essaye de les attraper. Quand je n'y arrive pas, je lui pique sa gomme ou ses stylos. Cela le rend fou de rage et il me court après. C'est vraiment très amusant. Quand j'en ai fini avec lui, j'ai toujours cette grosse mangouste qu'il nomme Chat a embêter. Je ne peux pas supporter cet animal. Chaque fois que je le vois, je grogne et je lui cours après. Vous le verriez décamper ce trouillard. Ensuite, il y a un gros rotweiller. Lui, c'est respect. D'abord il est gros et puis surtout il est super sympa avec moi. Il me lèche et moi je me blottis dans ses pattes pour faire un somme.
Midi, la maison résonne de nouveau des cris des enfants, ce qui signifie que l'heure du repas approche. Je grimpe sur les premiers genoux à ma portée pour vérifier le menu. Si c'est de la viande ou encore mieux du poulet, ils pourront me surveiller et être rapide car je ne laisserai pas ma part au chien. Malheureusement, c'est le moment qu'ils choisissent pour m'exiler dans une autre pièce. Je ne suis pas rancunier et ce soir, ce sera encore câlin devant la télé avant d'aller tranquillement me coucher sous mon buffet ou peut être dans un tiroir. Au fait, j'ai oublié de me présenter, je m'appelle Robin et vous?